Mes deux années de master : une
période de transition
Mon mémoire a été réalisé dans une période spéciale pour moi.
Je vivais aux Etats-Unis et dirigeais l’Alliance Française à Washington.
J’avais des velléités de retour en France. Les deux ans de Master ont consitué une
période de changement.
On m’a fait comprendre que si je voulais me repositionner sur
le marché du travail en France, il fallait que je reprenne des études et que je
suive une formation diplômante. J’ai pris conscience que les expériences à
l’étranger sont encore difficiles à valoriser chez nous.
J’ai donc posé ma candidature en Master à l’Observatoire des
Politiques Culturelles de Grenoble avec une VAE, et ai été retenu. Il m’a fallu
faire des allers-retours pendant deux ans entre Washington et Grenoble.
Construire un sujet
Il m’a été demandé de travailler sur un thème en lien direct
avec mon activité professionnelle qui soit également un sujet de découverte,
une thématique que je ne maîtrisais pas encore et susceptible d’intéresser
l’Observatoire des Politiques Culturelles.
Les débuts ont été difficiles, surtout la première année du
Master. Lorsque j’ai commencé à parler d’argent dans le milieu culturel, je me
le suis fait reprocher. Cela a été assez dur par moments. J’avais oublié qu’en
France, et a fortiori dans certains milieux, on ne parle pas d’argent. On m’a
parfois reproché de faire l’apologie du capitalisme américain et de vouloir
changer le système français. Pour certains, c’était presque
« scandaleux » de parler d’argent dans le secteur culturel.
Hors, en écoutant et en observant certains acteurs de ce
milieu, mon impression grandissante était que beaucoup de structures sont en
train de périr aujourd’hui parce qu’il n’y a plus d’argent. Si l’argent est un sujet tabou, me disais-je,
comment vont-ils s’en sortir ?
Sur vingt étudiants dans ma promotion, une quinzaine n’avait
jamais entendu parler de fundraising tel qu’on le pratique dans les pays
anglo-saxons. Ils connaissaient le mécénat mais avaient une vision assez fausse
du système américain. La plupart pensaient que dans les pays anglo-saxons,
c’est le mécénat d’entreprise qui fait vivre le secteur culturel. Ce n’est que
très partiellement exact. Le mécénat représente une toute petite partie
seulement des fonds privés collectés par les structures culturelles aux
Etats-Unis, 5% environ. On pense également que l’Etat américain n’investit pas
dans le secteur culturel. Ce sont des idées reçues. Il investit bien plus aux
Etats-Unis dans le secteur culturel qu’on ne le pense, par le biais de
dispositifs fiscaux très incitatifs, les agences publiques, fédérales et
locales, ou encore les universités publiques. J’écris par exemple, dans mon
mémoire, que le gouvernement fait un sacrifice fiscal d’une fourchette de 26 à
41 milliards de dollars (20 à 31,54 milliards d’euros) pour soutenir les arts
annuellement. A titre de comparaison, le budget 2009 du Ministère français de
la Culture était de 3,9 milliards de dollars (2,8 milliards d’euros).
A l’Alliance Française, j’avais lancé une stratégie de
fundraising de manière empirique devant la nécessité d’accroître ses ressources
financières pour son développement (l’Alliance française de Washington, comme
la plupart des Alliances américaines, ne reçoit aucune subvention de l’Etat
français). Il y a donc eu une conjonction de besoins. J’ai voulu en apprendre
d’avantage sur le fundraising tout en théorisant une expérience pratique.
C’était une thématique nouvelle en France en 2009, et l’Observatoire a donné
son accord pour que j’en fasse mon sujet de mémoire.
Un vrai plus pour le réseau
Ecrire ce mémoire a été pour moi l’occasion de me refaire un
réseau en France.
En faisant ce travail de rédaction, j’ai pu rencontrer de
nombreux acteurs des sphères philanthropique et culturelle françaises. Il faut
dire aussi que l’Observatoire a un réseau important.
Mes directeurs de mémoire, Françoise Benhamou (Professeur des
Universités, Centre d’Economie de Paris Nord, Université de Paris 13), ainsi
que François Ravanas, du Columbia College de Chicago, m’ont aussi ouvert des
portes. Cela, combiné avec la curiosité de voir un directeur d’Alliance
française aux Etats-Unis suivre des études à l’Observatoire des Politiques
culturelles, a facilité mes sollicitations de rendez-vous.
Une opportunité de penser mon projet
professionnel
En arrivant à l’Observatoire, je ne savais pas exactement ce
que je voulais y faire, quelle pouvait être ma plus-value sur le marché du
travail en France. Après vingt ans aux Etats-Unis, ce travail de rédaction m’a
permis d’affiner mon projet professionnel et mes réflexions.
J’ai beaucoup appris sur le secteur culturel et sur
l’économie du don aux Etats-Unis, ainsi que sur la façon dont, éventuellement,
en France, on pourrait s’inspirer de ces modèles, sans pour autant estimer
qu’ils sont parfaits.
Lorsque ce travail a été terminé, j’ai compris ma plus-value
et j’ai donc pu la présenter à la Fondation de l’Ecole Polytechnique. Ce
travail de mémoire et ce que j’ai appris me servent aujourd’hui de manière
soutenue.
L’objectif de l’Observatoire était clairement de nous
permettre de réfléchir à notre projet professionnel.
J’étais l’un des premiers étudiants « étrangers »,
le sujet les intéressait. C’était une chance à saisir. La rédaction du mémoire
a été fondamentale ; cela a été l’un des plus gros apports de cette
formation. Il m’a beaucoup apporté et je le considère aujourd’hui comme un
élément déterminant dans la poursuite de ma carrière. A la fin du mémoire, je
savais qu’il fallait que je me dirige vers le fundraising si je voulais revenir
en France.
Il est disponible
en ligne sur www.fundraisingetatsunis.com .
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