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"La publicité, c'est la gloire du riche ; la gloire, c'est la publicité du pauvre."
A l'aune de ce qu'il affirme lui-même, Auguste Detoeuf n'est ni riche, ni pauvre. Les Propos d'O.L. Barenton, confiseur, le recueil de pensées que ce capitaine d'industrie rédige dans les années 30, demeure confiné à un cercle d'initiés. Beaucoup en ont entendu parler, peu l'ont lu.
On se passe l'ouvrage entre amateurs. On y fait allusion entre collègues avertis. Les Propos d'O.L. Barenton, confiseur fonctionnent comme un signe de reconnaissance entre gens du même bord, celui du bon sens.
Né en 1883, ingénieur général des Ponts et Chaussées, Detoeuf est le premier administrateur délégué (on dirait aujourd'hui directeur général) d'Alsthom (devenu Alstom), le groupe issu de la fusion en 1928 de le Société Alsacienne de Construction Mécanique et de Thomson-Houston. Il le demeurera jusqu'en 1940.
Au cours de sa carrière industrielle, l'ingénieur-écrivain note ses réflexions sous forme d'aphorismes. Il les restitue à la façon d'un Stendhal, comme si elles étaient d'un autre, sous le titre bizarre Propos d’O.L. Barenton, confiseur.
Ce choix insolite compte sans doute dans le succès confidentiel qui entoure le livre. D'emblée, l'auteur signale qu'il va parler légèrement de choses sérieuses.
Comme celles d'un La Bruyère, les pages de Detoeuf n'ont pas vieillies.
Les éditeurs successifs des Propos d’O.L. Barenton, confiseur ont eu l'intelligence de ne pas les publier en format de poche, conservant à l'ouvrage son statut originel de beau livre.
Si l'on partage la philosophie de Detoeuf, offrir les Propos d’O.L. Barenton, confiseur à un collègue est une façon de lui dire qu'on se sent du même monde que lui. Un message bien moins cher qu'un repas, et combien plus efficace !
Florilège raisonné de Propos d’O.L. Barenton, confiseur :
Il y a trois sortes d'êtres au langage mystérieux : les plus aisés à comprendre sont les fous. Puis viennent les polytechniciens. Et enfin les comptables.
Pour cacher les désordres, on ouvre des comptes spéciaux ; on les appelle des comptes d'ordre.
Personne ne croit aux experts, mais tout le monde les écoute.
On fait tout avec de l'argent, excepté des hommes.
Les hommes se répartissent naturellement en trois classes : les vaniteux, les orgueilleux et les autres. Je n'ai jamais rencontré les autres.
Les économistes ont raison, disait un homme de Bourse : le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent.
On croit d’abord qu’on travaille pour soi ; on se figure ensuite qu’on travaille pour sa femme – on est persuadé plus tard qu’on travaille pour ses enfants ; on s’aperçoit en fin de compte que, pendant tout le temps, on a travaillé pour travailler.
Logique et bon sens : un chef. Bon sens sans logique : un employé. Logique sans bon sens : une catastrophe.
Le capital est du travail accumulé. Seulement, comme on ne peut pas tout faire, ce sont les uns qui travaillent et les autres qui accumulent.
Le Français est un paresseux qui travaille beaucoup. L'Anglais un paresseux qui ne fait rien. L'Allemand un travailleur qui se donne du mal. L'Américain, un travailleur qui sait s'arranger pour ne pas faire grand chose.
On distingue deux groupes de principe : les vrais principes orientés à gauche ; les bons principes orientés à droite. On ne connaît pas de principes orientés dans l’axe.
Quand un client se plaint, il y a 99% de chances pour qu’il ait raison. Et si un jour vous parvenez à les convaincre, il y aura 99% de chances pour que les clients ne se plaignent plus.
Ne vous plaignez jamais du client à caractère difficile, car il est la cause de votre progrès. Traitez les autres mieux encore : ils sont la raison de vos bénéfices.
Pour triompher, il faut être en avance d’une heure sur le concurrent et parler une heure après lui.
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