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Boccace, Le Décaméron

par Frédéric Buchet, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir ,   http://blog.fitselling.fr
 

                           
« Ah ! si je pouvais décemment vous mener au but de mes désirs, en suivant une route différente que l’âpre sentier que je vous propose, ce serait de bon cœur ». Tel est le préambule que nous livre Boccace, dés les premières lignes de son chef d’œuvre, paru vers 1350.

Avant d’installer ses personnages dans le château, lieu idyllique où pendant 10 jours, ils vont se distraire en racontant tour à tour une histoire, l’auteur nous décrit le chaos : l’épidémie de peste bubonique qui sévit à Florence en 1348.

Ce qui frappe évidemment, c’est le contraste violent entre la gravité et la tristesse de cette introduction et le reste de l’œuvre, 100 nouvelles, consacrées à l’amour sous toutes ses formes …
Mais c’est aussi et surtout l’extrême réalisme des descriptions de la catastrophe. D’abord sur les effets de la maladie : « certaines enflures se produisaient à l’aine ou sous l’aisselle : les unes devenaient grosses comme des pommes ordinaires, d’autres comme un œuf, d’autres un peu plus ou un peu moins. On les appelait vulgairement bubons ».

Ensuite, sur le bouleversement des usages : « (…) les cimetières devenaient insuffisants pour toutes les sépultures, surtout si, d’après l’ancien usage, on eût voulu concéder à chacun une place qui lui fût propre. Comme toutes les tombes étaient pleines, on creusait donc, dans les cimetières attenant aux églises, des fosses très profondes où par centaines se casaient les nouveaux arrivés ». Enfin sur les comportements : « la plupart des maisons tombaient dans le domaine public ; les étrangers qui s’y étaient introduits régnaient en maîtres, et il va sans dire qu’ils joignaient à la brutalité de leur conduite le désir de fuir toujours et à tout prix les pestiférés. »

Que vient faire Boccace dans une newsletter consacrée à la culture et au management ? Assurément, le Décaméron n’a rien d’un ouvrage à l’usage des managers. Ecrit à la fin du Moyen-âge, il ne décrit aucune situation et ne prodigue aucune prescription facilement transposables à l’entreprise.

Comme me disait il y a 20 ans l’un de mes premiers managers, brillant ingénieur diplômé de Sup Elec, « la réalité ne se trouve pas dans les livres ». L’ironie est qu’il était Italien, comme Boccace …
Et si c’était justement le contraire ? Et si pour mieux appréhender le réel, les livres, et en particulier les Classiques, étaient le plus sûr moyen d’éduquer les managers ? Une sorte d’alternative aux cours de management ?

A l’instar des contemporains de Boccace, qui ont du accepter une réalité très dure, remettant d’un seul coup en cause l’ordre social, les managers doivent regarder en face tous les désordres affectant l’entreprise. Désordres dans l’environnement : crise financière, émergence de la Chine comme super-puissance, ou catastrophe de Fukushima. Mais aussi désordres liés à l’humain.

Boccace nous offre, tout au long de son œuvre, de multiples facettes du comportement humain, de ses passions et de ses vices. Si nous partons du principe que le manager doit bien connaître l’homme, alors le Décaméron peut constituer un formidable « accélérateur de savoir » – comme nous dirions dans un langage postmoderne.

Enfin, le style de Boccace invite à la prise de recul : la narration avec distance, et souvent amusement, des mœurs dissolus du clergé, de l’infortune de certains personnages, ou des amours malheureux, est une invitation à observer la réalité sans la juger, mais en essayant d’abord de la comprendre. 

En guise de conclusion, je vous laisse méditer sur cette citation de Frédéric Dard : « L'hypothèse la mieux élaborée ne saurait prévaloir sur la réalité la plus bancale. »




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