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Histoire de lire : Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ? |
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01-02-2012 |
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Pierre Bayard, Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ?, Editions de Minuit, 2012
par Jean-Jacques Salomon, éditeur,
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Après Comment parler des livres qu'on n'a pas lus ?, en 2007, Pierre Bayard, professeur de littérature française à l'Université Paris 8, livre Comment parler des lieux où l'on n'a pas été ?
Dans cet exercice, les grands anciens ne manquent pas. Kant, qui ne s'est jamais éloigné de Königsberg, rédige un traité de géographie où il décrit avec précision chacun des continents et leurs habitants, non sans préjugés qu'on dirait aujourd'hui racistes. Chateaubriand raconte sa traversée de régions américaines qu'il n'a d'évidence pas pu visiter. Plus près de nous, Jules Verne et Hergé transportent le lecteur autour du monde avec autant de réalisme que s'ils l'avaient parcouru.
Avec les ressources d'aujourd'hui, parler des lieux où l'on n'a pas été est devenu un jeu d'enfant. Pierre Bayard montre que c'est même le fondement de la littérature romanesque. Encore faut-il respecter quelques règles quand on décide de traverser le miroir.
Ce qui importe, c'est de sentir l'esprit du lieu. A défaut, on court le risque de quitter le champ de la prose, pour tomber dans la poésie.
Dans les entreprises, on ne manque pas d'occasions de parler de personnes qu'on ne connaît pas ou de succès qu'on exagère. Curieusement, ces démarches portent des noms anglais : name dropping (lancer de noms), overselling (survente).
Les conseils de Pierre Bayard à ceux qui sont amenés à parler des lieux où ils ne sont pas allés valent aussi pour les amateurs de fiction professionnelle. Pour ne pas être pris en flagrant délit de fraude, nous dit-il, il faut, à la manière d'un Cendrars, privilégier la "présence psychologique" : s'adresser au coeur, plus qu'à la raison.
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