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04-01-2012
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Charles Baudelaire, Assommons les Pauvres, Le Spleen de Paris, Petits poèmes en prose, 1864
par Jean-Jacques Salomon, éditeur, Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
 

                             
Assommons les Pauvres ! est l'un des poèmes de Baudelaire les plus commentés. Publié en 1869 dans l'édition posthume du Spleen de Paris (Petits poèmes en prose), il doit autant sa réputation à la brutalité de son titre qu'à la violence de son propos.

Le poète maudit le rédige vers 1864-1865, "seize ou dix-sept ans, nous dit-il, après les faits qui l'ont suggéré". On est alors au lendemain de la contre-révolution de juin 1848. Le narrateur, "après de mauvaises lectures", éprouve "un besoin proportionnel du grand air". A la porte du cabaret où il se rend, il croise un vieux mendiant. Mais au lieu de passer son chemin ou de verser son obole, le voilà qui se saisit du misérable et le frappe jusqu'au sang. Le narrateur tient le sexagénaire pour mort lorsque l'autre se redresse et, avec une énergie insoupçonnée, du haut de sa carcasse lui brise à son tour quatre dents.

« Alors, conclut le poète, je lui fis force signes pour lui faire comprendre que je considérais la discussion comme finie, et me relevant avec la satisfaction d'un sophiste du Portique, je lui dis: Monsieur, vous êtes mon égal ! veuillez me faire l'honneur de partager avec moi ma bourse; et souvenez-vous, si vous êtes réellement philanthrope, qu'il faut appliquer à tous vos confrères, quand ils vous demanderont l'aumône, la théorie que j'ai eu la douleur d'essayer sur votre dos. Il m'a bien juré qu'il avait compris ma théorie, et qu'il obéirait à mes conseils.»

Les mauvaises lectures qui font sortir l’auteur de lui-même sont celles, pense-t-on, de Proudhon (1809-1865), le polémiste révolutionnaire opposé à la fermeture des chantiers nationaux.

Par cette nouvelle parabole du mendiant, Baudelaire prend – tardivement – parti. Pour le poète, faire l’aumône, c’est aliéner. Brutaliser et partager : voilà la dignité !

Le débat est quotidien dans la vie professionnelle. Faut-il différer ou avancer ? Rassurer ou alarmer ? Flatter ou assumer le risque de maltraiter ?

Baudelaire trancherait sans hésiter : on gagne à dire ce qui est. Le respect de l’autre passe par la transparence, et la reconnaissance de sa liberté d’homme par la présentation, même cruelle, de la réalité.

Assommons les Pauvres ! le dit plus vite et mieux qu’une charte de déontologie ou qu'un manuel des meilleures pratiques.
 

 

 


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