avec
DE NOTRE CORRESPONDANT A XIANGGANG
Jean
Laîné-Duchatel nous écrit de Hong Kong où il passe quelques semaines. Il y est au service des entrepreneurs français
acheteurs de « renseignements utiles à leurs affaires ». Xianggang est le nom de la ville en mandarin – ville qui est
officiellement la « Région administrative spéciale de Hong Kong de la
République populaire de Chine ».
Il me fallait bien un jour retrouver la
« zone économique spéciale » – la ZES – de Shenzhen, la première ZES de la Chine conçue par Deng
Xiaoping, le promoteur de la réforme et de l'ouverture du pays en 1980. J’ai
donc demandé un visa, et un matin pris le métro (le MTR de Hong Kong) jusqu’au terminus de Lo Wu. La frontière, du côté
de la République populaire, s’appelle Luo Hu. Une fois passé le poste de
contrôle de l’immigration, c’est un bazar de quincailleries électroniques, de
sacs et autres accessoires pour femmes, de bijoux, qu’il faut traverser… Il
vaut mieux résister aux appels des marchands, ne pas s’arrêter ni s’interroger
sur l’origine et la qualité de l’offre – et se diriger d’un pas décidé vers le
grand hôtel tout proche, leFutian
Shangri-La. Un chasseur anglophone s’y fera un plaisir de vous appeler un
taxi officiel et de lui ordonner en chinois votre destination.
L’expérience du taxi est immédiatement
celle de la Chine (Hong Kong, c’est la Grande-Bretagne, du reste on y roule
toujours à gauche) : il va zigzaguer, poussant jusqu’à 80 km/h, entre les trois ou
quatre files des voies express, entre la ville et la ZES, et éviter – sur
lesdites voies en principe réservées aux automobiles – cyclistes, piétons,
marchant ou traversant, voire poussant un charriot (surtout s’ils ou elles ne
sont plus de première jeunesse)...
La ZES est économiquement intégrée à
Hong Kong. Le village de pêcheurs de 30.000 habitants est devenu une métropole
de plus de 10 millions, et la superficie de l’ensemble ville-ZES est passée de
3 à 700 km2. Le Shenzhen Daily m’a
appris ce matin-là que 93 % des résidents se disent heureux de travailler et de
vivre dans la ZESselon une étude du « bureau municipal dela civilité ». Une autre
nouvelle du même journal, qui a son importance : lespremiers
touristes individuels de Shenzhen autorisés à prendre l’avion pour Taiwan sont
prêts à décoller le 28 août ; objectif avoué de la plupart d’entre
eux : faire du shopping à Taipei. Les grandes marques de luxe du Faubourg
Saint Honoré qui s’affichent à proximité du Bauhinia Hotel, leur seraient-elles
inaccessibles ?
Voilà, je ne vous en dirai pas plus de
mon programme de la journée, il ne concerne que mon client dans les termes de
l’accord de confidentialité qui nous lie. Car vous avez déjà bien compris que
je n’ai pas fait de tourisme à Shenzhen – pas plus que précédemment et ensuite,
à Hong Kong. La mission en immersion qui m’occupe va bientôt se terminer au
demeurant.
Et je n’ai pas eu le temps de revoir
cet ami russe que je m’étais fait il y a longtemps à Budapest, qui est dans le
commerce du vin entre Shenzhen et Canton. Il aurait eu beaucoup d’histoires à
me raconter : c’est lui qui m’avait expliqué par exemple qu’à l’époque
coloniale, les « journalistes » de l’agence Chine Nouvelle à Hong Kong, quand ils voulaient échapper aux
oreilles britanniques, se rendaient à Shenzhen pour téléphoner à leurs patrons
implantés à Canton...
Jean Laîné-Duchatel
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Jean
Laîné-Duchatel est l'auteur de Confessions de seigneurs - Scènes de la
vie de chasseurs de renseignements aux avant-postes , Editions du Palio,
2012.
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