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DE NOTRE CORRESPONDANT A XIANGGANG : Le multipartisme instable et litigieux
30-07-2012
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Jean Laîné-Duchatel nous écrit de Hong Kong où il passe quelques semaines. Il y est au service des entrepreneurs français acheteurs de « renseignements utiles à leurs affaires ». Xianggang est le nom de la ville en mandarin – ville qui est officiellement la « Région administrative spéciale de Hong Kong de la République populaire de Chine ».


Un nouveau dimanche de grande manifestation et de long défilé dans le centre-ville. Aujourd’hui (29 juillet 2012), il s’agit d’une question scolaire, et politique,épineuse.

L’administration précédente – celle de Donald Tsang – avait élaboré un programme controversé d’« éducation patriotique » exaltant les vertus de la république populaire, qui serait rendu obligatoire dans certaines écoles primaires de Hong Kong dès le mois de septembre prochain, et dans les établissements secondaires en 2015. Treize millions de HKD (soit environ 6,5 millions d’euros) de fonds publics ont été affectés sans aucun contrôle parlementaire à un « Centre patriotique de services pédagogiques de Hong Kong », pour la production d’un livret de 34 pages intitulé Manuel pédagogique des conditions nationales du modèle chinois pour les écoles de Hong Kong. Ledit « centre patriotique » est une émanation de la « Fédération des travailleurs de l’enseignement de Hong Kong », qui est partie intégrante de l’« Alliance démocratique pour l’amélioration et le progrès de Hong Kong » – le parti politique local qui nourrit les liens les plus étroits avec le parti au pouvoir à Pékin. On lit par exemple dans le Manuel que le Parti communiste chinois est un parti « progressiste, désintéressé et uni », par contraste notamment avec « le bipartisme conflictuel et embarrassant » des Etats-Unis et « le multipartisme instable et litigieux » européen.

Il n’est un secret pour personne ici que derrière tout cela – centre patriotique, manuel pédagogique et modèle chinois – est à l’œuvre le « travail de front uni » du Bureau de liaison. Les écoles catholiques, anglicanes et luthériennes – représentant ensemble un tiers du secteur primaire – ont rejeté le manuel. Le nouveau secrétaire à l’Education, Eddie Ng Hak-kim, a lui-même trouvé certains passages du manuel « biaisés » et susceptibles de « lavage de cerveaux » : aussitôt convoqué secrètement à Pékin, il est resté silencieux depuis son retour.

D’où l’appel à la résistance, et à manifester le 29 juillet, de l’ensemble formé par le« Groupe des parents préoccupés par l’éducation nationale », l’« Union des enseignants professionnels » et le groupe Scholarism mené par des élèves des écoles secondaires. L’émergence de ce dernier groupe doit être rapprochée de la célébrité sur Internet d’un élève de quinze ans, filmé le 15 juillet lors d’une émission de télévision, et déclarant : « Je suis à la fois Chinois et citoyen de Hong Kong. Je n’ai pas de problème de patriotisme. Mais le patriotisme n’a pas besoin d’être un sujet scolaire destiné à laver le cerveau des élèves. »

Sans aucun lien ni comparaison quantitative, 15.000 personnes avait assisté la veille à de spectaculaires exercices par l’Armée populaire de libération (APL) sur sa base navale de l’île de Stonecutters – une APL qui stationne au total 6.000 soldats et marins dans dix-huit casernes ou bases de Hong Kong. Et sans aucun lien, disons qualitatif, sur l’essence de la manifestation de Hong Kong, la veille aussi, dans l’est du continent, à Qidong dans le Jiangsu, les protestations contre les déversements dans la mer d’une papeterie appartenant à des Japonais, ont dégénéré en émeute : l’Internet se régale d’images de policiers battus et du chef local du Parti torse nu, dépouillé de sa chemise dans son propre bureau saccagé…

Et encore moins de rapprochement, toujours en cette veille de la manifestation à Hong Kong – la première médaille d’or chinoise aux Jeux olympiques, gagnée par Mlle Yi Siling dans l’épreuve de tir à la carabine à 10 mètres. Comme on le sait, pas de transmission publique gratuite des Jeux de Londres, donc le peuple ici n’a pas pu être bercé des premiers mots de la déclaration de la jeune Siling après sa victoire : « Je suis très heureuse. Je veux dire merci à la Chine, à ma mère et à mon père. […] ».

Une leçon gratuite de patriotisme manquée, donc.


Jean Laîné-Duchatel
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 confessions_de_seigneurs.jpg Jean Laîné-Duchatel est l'auteur de Confessions de seigneurs - Scènes de la vie de chasseurs de renseignements aux avant-postes , Editions du Palio, 2012. 

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