avec
DE NOTRE CORRESPONDANT A XIANGGANG
Jean
Laîné-Duchatel nous écrit de Hong Kong où il passe quelques semaines. Il y est au service des entrepreneurs français
acheteurs de « renseignements utiles à leurs affaires ». Xianggang est le nom de la ville en mandarin – ville qui est
officiellement la « Région administrative spéciale de Hong Kong de la
République populaire de Chine ».
Vendredi dernier, le gouvernement a
annoncé que le produit national brut de Hong Kong avait baissé au deuxième
trimestre de 0,10 %par rapport au premier ; et immédiatement, de ramener
ses prévisions de croissance annuelle pour 2012 de 1 à 2 %, au lieu de 2 à 3%,
ce qui par rapport aux 5% réalisés en 2011 représenterait une chute
préoccupante... Cela s’ajoutant aux
inquiétudes dues à la baisse de croissance dans le continent et à la crise de
l’euro, il en fallait assez pour que le pessimisme s’empare des analystes, et
que commencent à apparaître des scenarii de catastrophe.
Mais il n’y a pas véritablement de
raisons de s’inquiéter, si l’on en croit le spécialiste reconnu de la finance
en Chine et en Asie, Jake van der Kamp. Son analyse est la suivante.
Le principal facteur de décroissance à
Hong Kong en juin a été la baisse de 0,4 %, par rapport à la même période de
l’an dernier, des exportations de marchandises ; sachant que lesdites
exportations représentent 189 % du produit intérieur brut, la conséquence est
patente. Sauf à bien comprendre ce qu’« importer » et
« exporter » veut dire à Hong Kong : la « zone
administrative spéciale » en vérité ne fait, à 97 %, que réexporter des
produits importés du continent. Selon les statistiques du commerce, Hong Kong
apporte à ses importations une valeur ajoutée de l’ordre en moyenne de 16%,
avant que ses bateaux les transportent sur toutes les mers du monde. Ce qui,
ici encore, doit être bien compris : en réalité, les entreprises du
continent vendent aux filiales importatrices de Hong Kong quasi au prix de
revient, ce qui leur permet de ne pas être imposées (au taux de 25%), tandis
que la marge appliquée avant réexportation ne sera imposée à Hong Kong qu’à
hauteur de 16,5 %. Encore mieux, ce bénéfice net dégagé dans l’île pourra
revenir dans le continent sous la forme d’investissement direct étranger – qui
en République populaire non seulement ne sera pas imposé mais pourra même être
agrémenté d’une subvention !
Selon les estimations de l’économiste,
environ 310 milliards de HKD (à peu près 31 milliards d’euro) ont été rapatriés
en Chine continentale en 2010, ce qui représentait les deux tiers de la valeur supposée
avoir été ajoutée à Hong Kong : le reste, on l’imagine,
a été investi dans l’immobilier ou transféré dans telles banques privées de la
Suisse régionale – Singapour – et n’a donc pas eu d’impact sur l’économie
réelle de l’île, sinon de gonfler la bulle spéculative immobilière. Ce qui veut
dire en clair que, si la baisse de la croissance en Chine continentale a pour
conséquence la baisse de la création de tels flux financiers spéculatifs, le
marché du travail ne devrait pas être affecté, ce qu’atteste le taux qui doit
être considéré comme plus représentatif que celui de la croissance : le
taux de chômage – à présent de tout juste 3,2%, soit le même niveau qu’en 2008
avant le début de la crise bancaire, après quoi il était monté au plus haut à
5,5 % en 2009 avant de décroître régulièrement.
D’où la conclusion : avec un
emploi de la même force aujourd’hui qu’à cette funeste époque, on peut
sereinement ignorer les Cassandre de la crise, et avoir confiance dans la
résistance de l’économie réelle de Hong Kong à la veille du déclin attendu.
Jean Laîné-Duchatel
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Jean
Laîné-Duchatel est l'auteur de Confessions de seigneurs - Scènes de la
vie de chasseurs de renseignements aux avant-postes , Editions du Palio,
2012.
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