avec
DE NOTRE CORRESPONDANT A XIANGGANG
Jean
Laîné-Duchatel nous écrit de Hong Kong où il passe quelques semaines. Il y est au service des entrepreneurs français
acheteurs de « renseignements utiles à leurs affaires ». Xianggang est le nom de la ville en mandarin – ville qui est
officiellement la « Région administrative spéciale de Hong Kong de la
République populaire de Chine ».
Voilà, ma mission, et donc mon séjour à
Hong Kong, sont finis.
Les préoccupations politiques des
Chinois de Hong Kong, à court terme – et je ne vous en pas entretenu au jour le
jour – sont les élections du début de septembre au Conseil législatif. Je n’ai
pas vu qu’elles passionnaient les gens : les piquets de propagande, avec
affiches et orateur à mégaphone devant les stations du MTR, en tout cas pour celles que je fréquentais dans le centre,
n’arrêtaient pas les passants. Les Hongkongais sont sans illusions. Et les
signes du véritable pouvoir sont tellement clairs : par exemple, en plein
été, un journal du soir
gratuit est relancé. Bonne nouvelle pour la vitalité démocratique. Sauf qu’il
s’agit du New Evening Post – un organe pro-Pékin qui avait été fermé en
1997. Un gratuit du soir, distribué aux bouches du métro, parfait pour le
soutien aux candidats loyalistes, n’est-ce pas ?
Ce serait
plutôt sur les affaires internationales, ou celles du continent, et telles de
leurs extensions, que l’attention et l’activité se sont portées
dernièrement à Hong Kong : bien entendu, tout d’abord sur les détails du
limogeage de Bo Xilai, et du procès et de la condamnation de sa femme Mme Gu Kailai,
et de la signification de tout cela pour la future passation de pouvoir à
Pékin, largement commentée. Il y a aussi eu les manifestations sporadiques
devant l’autobus promenant en visite pendant une journée les médaillés
olympiques chinois de Londres. Et surtout l’accueil en héros des activistes du Comité de défense des îles Diaoyu,
retour de leur expédition vers ces îles que les Japonais appellent les Senkaku. Même le nouveau gouverneur C.
Y. Leung a applaudi les héros – de loin certes, mais à l’unisson de certains de
ses plus farouches détracteurs… Là, on était dans le substantiel et en plein
cœur de la politique : à propos de cette affaire sino-japonaise, les media
officiels de Pékin ont parlé de manifestations patriotiques dans
une douzaine de villes mais les blogueurs ont annoncé un chiffre proche de la
trentaine. En tout cas, si à Hong Kong l’une de telles manifestations a pu
se déclencher plus ou moins librement, dans le continent leur tenue ne pouvait
s’expliquer sans orchestration du Parti. A côté, à Shenzhen dont
je vous ai parlé, on a laissé faire très loin : les vitres de restaurants
japonais ont volé en éclats, les voitures de marque japonaise ont été
renversées, y compris un véhicule de la police…
Donc, pour finir et d’une certaine
manière conclure sur l’âme des Hongkongais telle que je voudrais la comprendre
maintenant : indifférents à la politique domestique quand elle est purement
électorale (mais évidemment très actifs quand elle prend un tour culturel ou
pédagogique : l’affaire du « modèle chinois » dans l’éducation
n’est pas enterrée), ils se montrent passionnés dans la dimension
internationale, où ils peuvent s’exprimer comme « Chinois » sans
complexes… Car sans la phraséologie « patriotique » des Pékinois.
Jean Laîné-Duchatel
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Jean
Laîné-Duchatel est l'auteur de Confessions de seigneurs - Scènes de la
vie de chasseurs de renseignements aux avant-postes , Editions du Palio,
2012.
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