avec
DE NOTRE CORRESPONDANT A XIANGGANG
Jean
Laîné-Duchatel nous écrit de Hong Kong où il passe quelques semaines. Il y est au service des entrepreneurs français
acheteurs de « renseignements utiles à leurs affaires ». Xianggang est le nom de la ville en mandarin – ville qui est
officiellement la « Région administrative spéciale de Hong Kong de la
République populaire de Chine ».
En 2010 et en 2011, le marché financier
de Hong Kong a été le premier du monde en termes d’introductions (IPOs), avec respectivement 114 mises sur
le marché capitalisant au total 445 milliards de HKD, et 102 introductions
d’une valeur totale de 271,4 milliards. Malheureusement, le premier semestre de
cette année n’a vu s’introduire que 31 sociétés, qui n’ont levé ensemble qu’à
peine plus de 30 milliards de HKD ; et Hong Kong est tombé au huitième
rang du classement mondial des IPOs
en valeur. Les opérations prévues en 2012 ont souvent été réduites (en volume
comme en prix), voire – à trois reprises – annulées : ce fut le cas en mai
dernier pour le bijoutier londonien Graff
Diamonds, après les forfaits de deux sociétés d’Etat du continent, China Nonferrous Mining et China Yongda Automobiles Services.
Il y a évidemment à cela des
explications macroéconomiques et mondiales, et les déboires aux Etats-Unis de
la cotation de Facebook ne donnent
pas un signal encourageant. De même qu’il y a également l’inévitable
« facteur Chine » : la quasi-totalité des grandes entreprises
étatiques de la République populaire est désormais cotée en bourse, et la
probabilité de nouvelles mega-IPOs
est très faible. Mais les professionnels s’interrogent sur des facteurs locaux,
qui sont réglementaires, voire judiciaires : dénonçant les lacunes des
prospectus financiers préalables et l’insuffisance des due diligences, la commission des opérations de bourse locale – la Hong Kong Securities and Futures Commission –
a porté récemment une affaire devant les tribunaux, qui ont consécutivement
condamné une société à racheter les actions mises sur le marché, cette société
une fois reconnue comme ayant sciemment trompé les investisseurs. La commission
va plus loin, et menace de poursuivre les banquiers pour de fausses
affirmations dans leurs prospectus, assortissant les condamnations civiles à
celle de deux ans d’emprisonnement. « Notre objectif est de changer les
comportements pour obtenir une plus grande assurance que les prospectus
fournissent l’information de qualité qui permet aux investisseurs de prendre
des décisions informées », a déclaré M. Ashley Alder, le directeur général
de la commission. A quoi tous les professionnels – banquiers et financiers,
intermédiaires, avocats, commissaires aux comptes – ont beau jeu de répondre
que la criminalisation des sanctions judiciaires aura pour conséquence
l’augmentation des coûts des due
diligences et de la production des prospectus, donc des introductions en
bourse sur la place de Hong Kong…, qui perdra de ses avantages concurrentiels…
Cela au moment même où par exemple les autorités de marché de Singapour ont
annoncé un allègement des règles d’admission.
Enfin, consolons ces excellents
opérateurs de Hong Kong – à supposer qu’ils en aient besoin : la
diminution et les faibles perspectives de croissance en Europe – et aux
Etats-Unis – incitent toujours plus de sociétés à se tourner vers l’Asie, ce
qui donne sens pour elles à être cotées dans ce continent près de leurs clients
(un bon exemple en étant fourni par l’industrie du luxe et sa marque
emblématique de Milan – Prada, cotée
à Hong Kong depuis l’an dernier). Et bien sûr à Hong Kong, donc, plutôt qu’à Shenzhen, Shanghai ou Singapour –
vu les meilleures garanties et la plus grande sécurité juridique qui sont
offertes par l’Ile de manière indétrônable !
Jean Laîné-Duchatel
Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir
Jean
Laîné-Duchatel est l'auteur de Confessions de seigneurs - Scènes de la
vie de chasseurs de renseignements aux avant-postes , Editions du Palio,
2012.
|