avec
DE NOTRE CORRESPONDANT A XIANGGANG
Jean
Laîné-Duchatel nous écrit de Hong Kong où il passe quelques semaines. Il y est au service des entrepreneurs français
acheteurs de « renseignements utiles à leurs affaires ». Xianggang est le nom de la ville en mandarin – ville qui est
officiellement la « Région administrative spéciale de Hong Kong de la
République populaire de Chine ».
Le plus influent et l’un des plus importants,
sinon le plus riche, des tycoons de Hong Kong était Henry Fok, né en 1923
et mort en 2006. J’avais eu l’honneur de lui serrer la main en 1996 :
depuis 1980 il était membre notamment de la « Conférence consultative
politique du peuple chinois », l’assemblée des représentants des huit
« partis démocratiques » et des organisations alliés au Parti communiste
dans le front uni patriotique pendant la guerre civile de 1946-1949 – dont il
était devenu l’un des vice-présidents en 1993, pour le rester jusqu’à sa fin. C’était
là la face émergée de l’iceberg : Henry Fok avait tissé des liens
indéfectibles avec le pouvoir central de Pékin à l’occasion de la guerre de
Corée, en permettant à la République populaire de contourner l’embargo sur les
armes imposé par les Nations unies. En clair, il lui avait fourni des armements
et des matières premières (de l’acier et du caoutchouc en particulier) :
non pas comme un trafiquant, mais en patriote. Et un patriote qui allait
toujours opérer quand il le faudrait dans le sens des intérêts de Pékin :
ainsi par exemple en canalisant l’aide en capital, de conserve avec la Banque
de Chine, au futur premier chef exécutif de la Région administrative spéciale –
Tung Chee-Hwa – au moment où les affaires familiales de transport maritime de
ce dernier risquaient la banqueroute.
Aujourd’hui, le fils aîné de Henry Fok,
Timothy Fok Tsun-ting, est aux premières loges à Londres : membre du
Comité international olympique, président de la Fédération sportive et du
comité olympique de Hong Kong et vice-président du Conseil olympique d’Asie,
c’est à lui qu’il est revenu de remettre les médailles de bronze aux vainqueurs
des épreuves de plongeon synchronisé tremplin 3 m hommes. Mais son plus grand
bonheur – et ce qui aurait sûrement transporté d’aise feu le patriarche rouge –
est le prochain mariage de son fils Kenneth avec Mlle Guo Jingjing, célébrée en
Chine continentale comme la « princesse du plongeon », titulaire de
six médailles olympiques – deux d’argent à Sydney en 2000, deux d’or à Athènes en 2004, et à nouveau
deux d’or à Pékin en 2008.
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais
seule, les avocats des nombreux héritiers de Henry Fok viennent d’annoncer que
ces derniers ont signé un accord transactionnel. La querelle judiciaire en
effet faisait rage – et les joies de la presse –, la charge étant menée par le
plus jeune fils de Henry Fok et de sa première femme, justement prénommé
Benjamin, contre ses onze frères et sœurs, sa mère et les deux autres veuves de
son père. Mais un point demeure : ledit Benjamin maintient sa demande en
justice d’ordonner à l’aîné Timothy de produire le « livre noir» dans
lequel leur père Henry Fok notait ses investissements, et sûrement bien
d’autres informations encore…
Donc bientôt peut-être un nouveau
document pour l’histoire ?
Jean Laîné-Duchatel
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Jean
Laîné-Duchatel est l'auteur de Confessions de seigneurs - Scènes de la
vie de chasseurs de renseignements aux avant-postes , Editions du Palio,
2012.
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