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Une odeur de poussière ferrugineuse
04-03-2020
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"Comme concitoyens et commères continuaient à discuter le coup, Zazie s’éclipsa. Elle prit la
première rue à droite, puis la celle à gauche, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle arrive à l’une des
portes de la ville. De superbes gratte-ciel de quatre ou cinq étages bordaient une somptueuse avenue
sur le trottoir de laquelle se bousculaient de pouilleux éventaires. Une foule épaisse et mauve
dégoulinait d’un peu partout. Une marchande de ballons Lamoricière, une musique de manège
ajoutaient leur note pudique à la virulence de la démonstration. Émerveillée, Zazie mit quelque
temps à s’apercevoir que, non loin d’elle, une oeuvre de ferronnerie baroque plantée sur le trottoir se
complétait de l’inscription métro. Oubliant aussitôt le spectacle de la rue, Zazie s’approcha de la
bouche, la sienne sèche d’émotion. Contournant à petits pas une balustrade protectrice, elle
découvrit enfin l’entrée. Mais la grille était tirée. Une ardoise pendante portait à la craie une
inscription que Zazie déchiffra sans peine. La grève continuait. Une odeur de poussière ferrugineuse
et déshydratée montait doucement de l’abîme interdit. Navrée, Zazie se mit à pleurer."
  

Raymond Queneau, Zazie dans le métro, Gallimard, 1959

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Jean-Jacques Salomon

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