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Le plus près du bonheur
17-01-2021
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Si déjà je louangeais l'hôtel de Sotchi, que dirai-je de celui de Sinop, près de Soukhoum, bien supérieur et tel qu'il supporte la comparaison des meilleurs, des plus beaux, des plus confortables hôtels balnéaires étrangers. Son admirable jardin date de l'ancien régime, mais le bâtiment même de l'hôtel est tout récemment construit; très intelligemment aménagé; de l'aspect extérieur et intérieur le plus heureux; chaque chambre a sa salle de bains, sa terrasse particulière. Les ameublements sont d'un goût parfait; la cuisine y est excellente, une des meilleures que nous ayons goûtée en U.R.S.S.. L'hôtel Sinop paraît un des lieux de ce monde où l'homme se trouve le plus près du bonheur.
 
A côté de l'hôtel, un sovkhose a été créé en vue d'approvisionner celui-ci. J'y admire une écurie modèle, une étable modèle, une porcherie modèle, et surtout un gigantesque pouailler dernier cri. Chaque poule porte à la patte sa bague numérotée; sa ponte est soigneusement enregistrée; chacune a pour y pondre, son petit box particulier, où on l'enferme et d'où elle ne sort qu'après avoir pondu. (Et je ne m'explique pas qu'avec tant de soins, les oeufs que l'on nous sert à l'hôtel ne soient pas meilleurs.) J'ajoute qu'on ne pénètre dans ces locaux qu'après avoir posé ses pieds sur un tapis imprégné de substance stérilisante pour désinfecter ses souliers. Le bétail, lui, passe à côté; tant pis!
 
Si l'on traverse un ruisseau qui délimite le sovkhose, un alignement de taudis. On y loge à quatre, dans une pièce de deux mètres cinquante sur deux mètres, louée a raison de deux roubles par personne et par mois. Le repas, au restaurant du sovkhose coûte deux roubles, luxe que ne peuvent se permettre ceux dont le salaire n'est que de soixante-quinze roubles par mois. Ils doivent se contenter, en plus du pain, d'un poisson sec. [In cauda venenum, ndlr]
 
André Gide, Retour de l'U.R.S.S., Gallimard, 1936 










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Jean-Jacques Salomon

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