Dans
l'après-midi du dimanche 19 mai 1940, alors que les armes se déchaînent
dans le nord de la France, « la foule parisienne, fervente,
silencieuse, dans ses vêtements du dimanche, afflue vers la
cathédrale Notre-Dame. Foule de mères, d'épouses, d'enfants, empressée à
se grouper autour de la vieille église, au centre de la capitale. Par
un chaud soleil, avec quoi luttait le vent frais, les gens, par masses
compactes, se serrèrent sur le parvis, sur la chaussée des ponts. Ce fut
une vaste prière intérieure qui accompagna les chants diffusés par les
haut-parleurs. A 15 heures, MM. Paul Reynaud, Daladier, Louis Marin,
Ybarnégaray, le général Gouraud, des généraux, des parlementaires, les
ambassadeurs des Etats-Unis, d'Angleterre, de Norvège, de Belgique, de
Pologne, de nombreux personnages parmi les plus représentatifs en France
des nations alliées ou amies de la France, des officiers britanniques,
des diplomates neutres arrivèrent, dans les voitures officielles, à
Notre-Dame, gagnèrent les places qui leur avaient été réservées dans
l'église matelassée de sacs de terre. Devant les représentants du
pouvoir public, chefs et gardiens de la force nationale, et après que le
Veni Creator eut retenti, Mgr Beaussart, d'un verbe enflammé,
exalta le dévouement des soldats, le courage moral des mères, des
compagnes, le sacrifice des innocentes populations mitraillées, la
grandeur de la France sur laquelle il appela les bienfaits de la
prédilection divine. » Le Petit Parisien, 20 mai 1940.
Quel est, à
nos yeux d’aujourd’hui, le plus surprenant : la force de la plume
éditoriale ou le gouvernement de la République implorant la Vierge Marie
?
Jean-Jacques
Salomon
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