"Il n'y a plus d'illusions à se faire, le budget est en déficit, et ce déficit devient formidable. [...] Mais ce chiffre, quelque colossal qu'il puisse sembler, ne donnerait qu'une faible idée de la réalité. En effet, comme on se refuse à remonter aux causes premières de la situation périlleuse où l'on a mis nos finances, comme le même esprit de vertige emporte la plupart des représentants du pays, de nouvelles aggravations sont à prévoir. [...] Les dépenses d'ordre social forment comme un second budget à côté du premier. [...] A la loi sur les retraites obligatoires, une loi sur l'invalidité succéderait aux efforts financiers en faveur des vieillards et des infirmes, des avantages en faveur des familles nombreuses. [...] Mais c'est avant d'engager les dépenses qu'on eût dû le connaître. Vers quels trous va-t-on maintenant conduire le budget ? Abordant la question des fonctionnaires, [on] s'écrie « Il faut réduire leur nombre ! » Fort bien ! Mais, simultanément, [on] se montre fier des libéralités qui leur ont été consenties [...] Or l'Etat, en attirant de la sorte une clientèle croissante qu'il détourne du travail libre, tout à la fois grève le budget et affaiblit la nation. Il ne réfrène pas, il surexcite plutôt, les exigences de ses agents. Ils se montrent, dans leurs syndicats, plus impérieux que jamais. Autre dépense nouvelle, [...] la dette perpétuelle, qui monte à 22 milliards, ne devrait-elle pas être dotée d'un fonds d'amortissement ?"

C'est dans le quotidien Le Temps, daté du 19 février 1913, qu'on peut lire ces lignes. "En peinture, on peut tout essayer. On a le droit. Mais à condition de ne jamais recommencer" dit Picasso. A la différence des finances publiques !
 

Jean-Jacques Salomon

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