"L'œuvre littéraire : un processus complexe. Le domaine d'étude « Lire-écrire-publier » permet d'enrichir l'approche des œuvres par la prise en compte des processus que mettent en jeu leur création, leur lecture et leur circulation. Il s'agit d'inviter [...] à une compréhension plus complète du fait littéraire, en rendant sensible, à partir d'une œuvre, et pour contribuer à son interprétation, à son inscription dans un ensemble de relations, qui intègrent les conditions de sa production comme celles de sa réception et de sa diffusion. La succession des termes lire-écrire-publier doit être appréhendée comme l'indication d'un continuum dont les différents moments sont en interaction et se déterminent réciproquement. Lecture et écriture sont des phénomènes constitutivement liés. La publication n'est pas seulement le terme du processus d'écriture-lecture, elle en conditionne aussi les formes et le sens. Les modalités d'édition, d'une part, les attentes des lecteurs ou des spectateurs, d'autre part, déterminent le travail des écrivains, qui écrivent pour être lus, compris ou reconnus ; mais les œuvres contribuent, elles aussi, à redessiner ces attentes et en jouent de diverses manières."
Signées par Roland Barthes, ces lignes nous paraîtraient lumineuses. Mais, figurant dans le programme de l'enseignement de littérature en classe terminale de la série littéraire (arrêté du 12 juillet 2011 publié au B.O.E.N. spécial n° 8 du 13 octobre 2011), elles nous semblent absconses. Autant que Flaubert, Sophocle ou Pasolini, le ministère de l'Education nationale pourrait mettre au programme ses propres instructions. Ne démontrent-elles pas que "la publication n'est pas seulement le terme du processus d'écriture-lecture, mais qu’elle en conditionne aussi les formes et le sens" ?
Jean-Jacques Salomon
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