Libre à chacun d'apprécier ou pas Entropa, cette oeuvre-canular que le sculpteur praguois David Černý a installée, à l'initiative de la présidence tchèque, dans l'atrium de la Commission européenne à Bruxelles. On peut comprendre que la Bulgarie soit mécontente de se trouver représentée par des toilettes à la turque sur cette métaphore de l'Europe. Et l'on se dit que, sans l'affaire de la gare Saint-Lazare, la France aurait déjà réagi à la provocation qui la vise.

Mais si la chose est discutable sur le plan politique, c'est en revanche un sans faute que réalise David Černý en matière artistique. Sans doute ne percevra-t-il jamais les 50 000 euros de loyer que la présidence tchèque lui avait promis pour la location de son oeuvre pendant six mois. Qu'importe : il avait justement pris soin de ne pas faire appel aux 27 artistes prévus. Le voilà propriétaire unique d'une oeuvre-scandale dont il est probable que le prix s'exprimera en millions d'euros. On entend déjà crier à l'imposture et la Commission invoquer l'enrichissement sans cause. Plaise à Apollon qu'une fois la finance internationale ramenée à la raison, l'Europe ne se mette pas en tête de réformer l'art !

Jean-Jacques Salomon

Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir