Tout au long de la seconde moitié du XIXème siècle, les tsars ont fait l’objet de multiples tentatives d’attentats.

Menacé, Alexandre II (1818-1881) n’entendait pas pour autant renoncer à son goût du champagne au motif que la bouteille pourrait contenir des explosifs.

Aussi demanda-t-il à la maison Roederer d’inventer une bouteille transparente en cristal afin de pouvoir, outre le plaisir d’y observer les bulles, vérifier l’absence de quelconque bombe.

Et pour les mêmes raisons, à fond plat.

Alexandre II était un gastronome.

Le 4 juin 1867, en visite à Paris avec son fils le tsarévitch, pour l’exposition universelle, Alexandre II y croise Guillaume 1er, alors roi de Prusse, accompagné de Bismarck.

Les quatre décident de se retrouver à dîner le 7 juin au Café Anglais.

Le repas est resté dans l’histoire sous le nom de Dîner des trois empereurs : Alexandre II, qui l’est, le tsarévitch qui le deviendra sous le nom d’Alexandre III après l’assassinat de son père en 1881, et enfin Guillaume 1er, proclamé empereur d’Allemagne en 1871.

Mais le dîner figure également dans les annales de la gastronomie, tant on mit de soin et de luxe à le composer.

Dix jours après, alors qu’il revenait d’une revue militaire en compagnie d’un quatrième empereur, Napoléon III, le tsar essuya les coups de feu (non mortels) d’un exilé polonais : le dîner ne lui avait pas porté chance.