Culture RH : « Si je ne m'étais pas retenu, je t'aurais mis mon poing dans la gueule ! » Un tel propos constitue-t-il un motif réel et sérieux de licenciement ?
Un
inspecteur d’une société de nettoyage industriel avait été amené à dire à un
client : « Si je ne m'étais pas retenu, je t'aurais mis mon poing
dans la gueule ! »
Considérant
qu’un tel propos rendait impossible la poursuite de son contrat de travail, son
employeur avait procédé à son licenciement pour motif réel et sérieux.
Les juges du fond, considérant que les mots du salarié
n'avaient pas été pris au sérieux par le client –celui-ci ne s'en étant pas
plaint immédiatement – et pouvaient relever de la plaisanterie, avaient estimé
que la rupture était dépourvue de cause réelle et sérieuse.
Saisie à son tour, la Cour de cassation adopte une position opposée.
La haute juridiction considère qu’indépendamment de la
perception que peut avoir le destinataire de l’insulte « constitue une
faute grave le fait pour un salarié d'abuser de sa liberté d'expression en
tenant des propos injurieux, diffamatoires ou excessifs, a fortiori en
proférant des menaces de recours à la violence, qui plus est lorsque les propos
concernés, tenus à l'égard d'un client de l'employeur, sont de nature à ternir
l'image de ce dernier ».