Culture RH : Est-il fondé, pour un restaurant gastronomique, de procéder au licenciement d’un maître d’hôtel motivé par « le port de boucles d'oreilles sur l'homme qu’il est » ?
Est-il fondé, pour un restaurant gastronomique, de procéder
au licenciement d’un maître d’hôtel au motif que « son statut au service
de la clientèle ne permet pas de tolérer le port de boucles d'oreilles sur
l'homme qu’il est » ?
La réglementation du travail autorise l’employeur à imposer
à un salarié des contraintes vestimentaires si elles sont justifiées par la
nature des tâches à accomplir et proportionnées au but recherché.
En cas de refus du salarié, l’entreprise peut procéder à son
licenciement pour cause réelle et sérieuse.
Encore faut-il que la mesure ne présente pas un caractère de discrimination.
En 2007, dans un restaurant gastronomique, un chef de rang
affichant cinq années d’ancienneté dans l’établissement, décide un jour de
porter une boucle d’oreille.
La direction l’invite à la retirer pendant le temps de son
service.
Devant le refus du salarié, elle procède à son licenciement pour cause réelle
et sérieuse.
Appelées à connaître l’affaire, la Cour d’appel, puis la Cour de cassation, rejettent
le motif invoqué, non sur le fond, mais dans la forme.
Dans
la lettre de licenciement qu’il adresse au salarié, l’employeur écrit en
effet : « Votre statut au service de la clientèle ne nous permet pas
de tolérer le port de boucles d'oreilles sur l'homme que vous êtes ».
« Sur
l’homme que vous êtes » est de trop.
Les
magistrats estiment qu’une telle formulation met en cause « l'apparence
physique du salarié rapportée à son sexe », ce qui constitue une mesure
discriminatoire.