Carnet RH : « Avec comme dans une arène, la mise à mort irrémédiablement du salarié. » Un jugement prud’homal formulé en ces termes est-il valide ? |
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15-09-2014 |
avec
« L'estocade
finale de l'organisation syndicale a eu lieu lorsque cette dernière a
supprimé la cellule de formation syndicale, avec comme dans une arène,
la mise à mort irrémédiablement du salarié, qui n'était plus que l'ombre
de lui-même. » Un jugement prud’homal formulé en ces termes est-il
valide ?
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Un salarié en
conflit sur la rupture de son contrat de travail avec l’URI (Union
régionale interprofessionnelle), l’organisation syndicale qui
l’employait, avait porté son litige devant le conseil de prud'hommes de
Strasbourg.
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Les juges prud’homaux avaient tranché en faveur du salarié.
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Mais, sous
l’effet de quelque inspiration poétique, ils avaient assorti les
motivations de leur jugement des formules suivantes :
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« L'estocade
finale de l'organisation syndicale a eu lieu lorsque cette dernière a
supprimé la cellule de formation syndicale, avec comme dans une arène,
la mise à mort irrémédiablement du salarié, qui n'était plus que l'ombre
de lui-même. »
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« Le Conseil
de céans se doit de constater qu'une telle décision jette un froid dans
les relations contractuelles, avec un militant qui se retrouve sur la
sellette, alors qu'il n'avait jamais démérité. »
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« En fait de par sa notoriété, M. X...devenait un élément gênant, donc à éliminer, avec sa cellule de formation. »
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« En
agissant de la sorte, le Conseil de céans est persuadé que Mme Y...se
doutait que M. X...s'en trouverait affecté, offensé, voire déprimé et
par la suite dépressif. Il y a un adage qui dit, il faut diviser pour
régner. »
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« En fait, ce différend fait penser à l'adage le pot de fer contre le pot de terre, ou encore David contre Goliath. »
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« L'URI a
ainsi agi comme un véritable rouleau compresseur et malheureusement M.
X...s'est retrouvé sur son passage, impuissant et à sa merci. »
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Appelée à
connaître le litige, la Cour de cassation a estimé, à côté d’autres
arguments, que ce style de rédaction laissait présumer un manque
d'impartialité de la part des juges.
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La haute
juridiction a conclu que le conseil de prud'hommes n'avait pas respecté
l'article 6-1 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales qui garantit à toute personne le droit à ce
que sa cause soit entendue par un tribunal impartial… et a renvoyé
l’affaire devant le conseil de prud’hommes de Colmar.
(Cass. soc.. 12/06/14)
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