Raymond Aron soutient en Sorbonne, salle Louis Liard, sa thèse de philosophie le 26 mars 1938.

Deux semaines plus tôt, Hitler a envahi l'Autriche.

La réflexion que propose Aron sur la philosophie de l'histoire prend une dimension d'actualité tragique.

« Pourquoi suis-je socialiste ? Que signifie avoir une position politique ? Telles sont les questions que je me suis posées en étudiant le marxisme et l'économie politique », annonce le spectateur engagé au début de son exposé.

La science historique se développe-t-elle comme accumulation d'une connaissance positive ou est-elle constamment réécrite par les sociétés et les époques successives ? se demande Raymond Aron avant de situer sa propre philosophie entre les deux écueils que lui paraissent être l'illusion d'une pensée historique objective et les dangers d'une approche trop spéculative.

La soutenance fera date.

Paul Fauconnet, le président du jury, lui demande : « Etes-vous désespéré ou satanique ? »

Raymond Aron suscite la réprobation de ses maîtres, qui le reçoivent néanmoins.

Rétrospectivement, sa question introductive fait sourire.

La thèse de l'impétrant sera publiée sous le titre Introduction à la philosophie de l’histoire. Essai sur les limites de l’objectivité historique. Lire