Quand on aime, on ne compte pas : Quinzemilliste a fait partie du bréviaire des noms d’oiseaux de la vie politique de la Troisième République. Il pourrait revenir aujourd’hui. Pourquoi ? |
|
25-11-2016 |
« Quinzemilliste ».
Oublié aujourd’hui, l’adjectif a fait partie du bréviaire des noms d’oiseaux de
la vie politique française tout au long de la Troisième République. Il pourrait
revenir aujourd’hui. Pourquoi ?
- L’indemnité
parlementaire a été instituée dès 1789 par l'Assemblée Constituante.
- Les assemblées
suivantes en ont maintenu le principe.
- Sous la Restauration,
dont le régime électoral est fondé sur le cens, les élus sont réputés à l’abri
du besoin et la gratuité du mandat devient la règle.
- La Deuxième
République rétablit l'indemnité parlementaire, à un niveau modeste.
- On se souvient du mot
du député Jean-Baptiste Baudin, tué sur les barricades au lendemain du coup
d'Etat du 2 décembre 1851, en lançant : "Vous allez voir comment on (un député, ndlr) meurt pour vingt-cinq
francs par jour ! "
- Napoléon III, après
quelques hésitations, maintient l'indemnité qu'il fixe autour de 6 000 francs
par an.
- La Troisième
République la conserve, au niveau de 9 000 francs par an.
- Elle n’évolue pas
jusqu'au 22 novembre 1906 où, à l'initiative de Clemenceau récemment nommé
président du Conseil, députés et sénateurs votent en une nuit une loi portant
leur indemnité mensuelle à 15 000 francs.
- La loi est promulguée
dès le lendemain.
- Un instituteur gagne
alors 1 200 francs par an.
- Les socialistes,
Jaurès en tête, votent contre.
- On se déchaîne entre quinzemillistes (ceux qui sont pour les
15 000 francs) et antiquinzemillistes (ceux
qui sont contre).
- Par la suite, les
assemblées se voteront de façon presque automatique des augmentations, jusqu'à
ce que, dans les dernières années de la Troisième République, soit adopté le
principe, toujours en vigueur, consistant à fixer l'indemnité parlementaire par
référence aux traitements de la haute fonction publique.
- Le scandale des notes
de frais de Westminster, les polémiques sur l’absentéisme au Palais Bourbon et
les interrogations sur les défraiements au Parlement européen, montrent que la
question des indemnités parlementaires revient de façon récurrente dans les
démocraties.
- Il y a toujours des quinzemillistes et des antiquinzemillistes.
|
|