Les mots pour le dire : « Remarquable ». Attention au mot remarquable. Il est aujourd’hui à double tranchant. Pourquoi ?
14-02-2009
avec
Le 20
septembre 2007, le président de la République accorde un entretien télévisé à
Arlette Chabot pour France 2 et Patrick Poivre d’Arvor pour TF1.
Les
observateurs constatent que le chef de l’Etat utilise 27 fois le mot remarquable.
En sont
ainsi gratifiés : Angela Merkel, François Fillon, Xavier Darcos, Valérie
Pécresse, Bernard Kouchner, Fadela Amara, Cécilia Sarkozy, Claude Guéant, et
collectivement les collaborateurs du président à l’Elysée.
L’adjectif remarquable vient pour l’essentiel en
accompagnement du mot travail.
Projeté brutalement dans l’actualité, le statut du mot remarquable
change immédiatement dans le langage de l’entreprise.
Certains l’utilisent d’autant plus qu’il se trouve consacré
au plus haut niveau.
D’autres s’en méfient pour la même raison.
Mais remarquable disparaît du langage présidentiel
aussi soudainement qu’il l’avait envahi.
Le mot retrouve sa liberté : on recommence à dire remarquable
dans les échanges professionnels sans arrière-pensée.
Jusqu’au 5
février 2009, où cet adjectif qui ne passe pas inaperçu est à nouveau convoqué
dans l’interview qu’accorde le président de la République à la télévision.
Cette fois,
c’est la garde des Sceaux, sur le départ, dont le boulot se voit qualifié de remarquable.
S’il
exprimait l’encouragement en 2007, le mot résonne alors comme une consolation.
Hier winner,
le voilà plutôt loser.
Dans l’incertitude,
mieux vaut donc sans doute s’abstenir de l’utiliser.