Les mots pour le dire : « Langue de bois ». Sa pratique est courante dans le monde politique. Mais les entreprises en sont-elles protégées ?
19-10-2008
avec
Elle nous
semble avoir toujours existé et, pourtant, elle a moins de trente ans.
La langue de bois nous vient en
effet des Polonais qui, dans les années de Solidarnosch, s’approprient
l’expression russe langue des arbres, en vigueur depuis les tsars, pour
qualifier le discours creux du pouvoir officiel.
La formule française a depuis fait
un beau parcours, au point d’inspirer à son tour le wooden language des Anglo-Saxons.
La forme et
la fonction de la langue de bois dans la sphère politique sont
d’évidence : il s’agit en quelque sorte de parler pour ne rien dire.
Son succès
ne surprend guère : obligée de s’exprimer souvent mais avec prudence, la
classe politique a appris à délivrer une eau tiède, dont chacun mesure la
vacuité, mais qui occupe l’espace et le temps de la vie citoyenne.
Avec leurs
contraintes économiques, les entreprises ne devraient pas pouvoir s’offrir le
luxe de la langue de bois.
Et
pourtant, celle-ci y prospère.
C’est que,
tels les hommes politiques, les entreprises sont devenues des machines à
communiquer : les obligations de communication y sont devenues si
nombreuses que le risque apparaît de parler pour ne rien dire.
Passez au
hasard en revue les sites web de quelques sociétés, y compris les plus
grandes : vous observerez que bon nombre des formulations pourraient se
transporter sans inconvénient d’un site à l’autre.
De quoi
s’agit-il alors, sinon de langue de bois ?