Les mots pour le dire : « Coup de Jarnac ». On le confond souvent, dans le langage professionnel, avec le coup de poignard dans le dos. Mais ce sont de faux amis. Pourquoi ?
20-12-2008
avec
La ville de
Jarnac (Charente) a fait parler d’elle avec François Mitterrand, qui y est né
et s’y trouve enterré.
La devise
de la petite cité mériterait d’ailleurs de figurer dans l’anthologie des
formules utiles en entreprise : « Frappé, je me relève ».
Mais si
Jarnac est régulièrement convoquée dans le langage professionnel, c’est au
titre du coup qui porte son nom.
Le célèbre
coup de Jarnac n’a d’ailleurs pas été porté à Jarnac, mais à
Saint-Germain-en-Laye.
A
l’origine, une affaire de femmes et d’honneur, sous François 1er.
Guy de
Chabot, jeune baron de Jarnac, obtient du roi l’autorisation de se battre en
duel contre François de Vivonne, seigneur de la Châtaigneraie, une redoutable
épée.
Chabot
s’entraîne au mieux, tant chacun à la cour est convaincu de la supériorité de
La Châtaigneraie.
Un spadassin italien lui enseigne un coup de revers inconnu
jusque-là.
Ce maître d’escrime a également prévu d’exploiter une
faiblesse de La Châtaigneraie - une vieille blessure au genou - en choisissant
une arme lourde, l’épée à deux mains, afin de le fatiguer, et de le ralentir
dans ses déplacements.
Le duel a le 10 juillet 1547.
Le début de la rencontre est en faveur de La
Châtaigneraie jusqu’au moment où Chabot peut placer ce coup de revers, qui fend
le jarret de son adversaire.
Le coup est régulier et, à la surprise générale, Chabot
est déclaré vainqueur.
Humilié, La Châtaigneraie refuse de se soigner et meurt le lendemain de
ses blessures.
Le coup de Jarnac est né : c’est un coup efficace, mais
« réglo ».
Dans le
langage de l’entreprise, on l’évoque pour désigner un coup violent et imprévu.
Mais attention
à ne pas le confondre, comme parfois, avec le coup de poignard dans le dos.
Le coup de
Jarnac n’est pas déloyal : il est simplement habile.