Il paraît qu'à la suite de l'affaire des stock-options, les rédactions des journaux et les boîtes à lettres des députés sont submergées de messages vengeurs. Certains vont jusqu'à proposer de rétablir la guillotine sur la parvis de la Défense. Ce n'est pas une bonne idée. Sans doute commencera-t-on par les mandataires sociaux. La colère populaire sera canalisée, mais, une fois lancée, la mécanique ne manquera pas d'atteindre les cadres supérieurs puis tout l'encadrement. Un jour aussi, les partenaires sociaux seront tentés de profiter de la guillotine pour régler leurs comptes entre eux. Les plus hardis de nos dirigeants d'entreprises prendront le chemin de l'exil et l'OTAN ne tardera pas à réagir. Puis viendra le temps de l'anarchie et de la luxure, avec à nouveau son lot d'enrichissements sans cause, avant qu'un ordre musclé ne prenne le relais. Et ce n'est qu'après que beaucoup de sang aura coulé qu'on accouchera d'une nouvelle organisation de notre économie.
Pendant ce temps-là, à Londres et à New York, on aura refondé la finance, sans potence ni chaise électrique.
Jean-Jacques Salomon