Les statistiques sont sans équivoque : avec la crise, on fume moins de cigares. Les campagnes anti-tabac n'y sont pour rien. Si l'on renonce au Havane, c'est pour faire des économies et ne pas s'afficher avec ce qui passe encore souvent pour un symbole du capitalisme. Rien de très suprenant dans ce phénomène. Plus intéressante en revanche est la question de savoir vers quoi se reportent les amateurs de cigares. On a récemment publié les chiffres de la consommation de tabac à pipe aux Etats-Unis. Pour la première fois depuis les années 70, celle-ci remonte. Elle est encore dix fois inférieure à ce qu'elle était il y a trente ans, mais l'inversion du mouvement est nette. Tout laisse penser que les fumeurs de cigares se mettent à la pipe.
Le cigare est violence et passion. La pipe est signe de paix et de réflexion. Si le déplacement de l'un vers l'autre devait se confirmer, il signerait peut-être, à l'opposé de certaines enquêtes d'opinion, l'avènement d'une nouvelle ère des comportements sociaux.
Jean-Jacques Salomon