Certains intellectuels broient du noir. Le contexte international et la réforme constitutionnelle n'y sont cette fois pour rien. C'est la fiscalité qui crée l'émoi. Pas besoin d'être grand clerc, en effet, pour comprendre que, derrière la montée en puissance de la taxe carbone, c'est l'incorporel qui est dans la ligne de mire du ministère du Budget. Le capital symbolique et la richesse intérieure avaient jusqu'à présent échappé à l'impôt. On pouvait accumuler les doctorats, être un puits de science, rivaliser avec Pic de la Mirandole, ou plus simplement cultiver en amateur quelque jardin secret, sans courir le risque d'être imposé, ni au titre des gratifications morales que procurent ces privilèges, ni même à celui du patrimoine culturel que constituent ces avantages.
Mais ce temps est révolu. A crise exceptionnelle, remèdes exceptionnels : n'en doutons pas, la taxation de la propriété intellectuelle est proche. Attention donc avant d'aller revoir Olympie ou de relire les Illusions Perdues, on risque de vous le faire payer un jour !
Jean-Jacques Salomon