Chaque année, début janvier, c'était le même rituel. Chaque année, un peu plus irritant. Son chauffeur s'arrêtait à l'entrée principale. Il grimpait l'escalier jusqu'à la direction où un chef de bureau qui aurait pu être son fils, respecteux et envieux, lui indiquait le chiffre. L'affaire ne prenait en tout que cinq minutes, mais il n'y avait pas moyen de faire autrement.
C'est ainsi qu'autrefois le président d'une entreprise nationalisée apprenait de son ministère de tutelle le montant de sa rémunération annuelle. C'était il y a trente ans. On ignorait le bonus.
Jean-Jacques Salomon