Au
moment où même les plus éminents économistes refusent de se prononcer
sur 2009, tant les lignes de force sont difficiles à tracer, on est
tenté de se raccrocher aux signaux faibles. L'actualité nous sert à cet
égard ces jours-ci un plat de choix : le retour de Jean-Marie
Messier. Après six années de silence, voilà en effet que l'ancien
président de Vivendi Universal est omniprésent dans les médias, à
l'occasion de la sortie de son livre Le jour où le ciel nous est tombé sur la tête
(Le Seuil), un essai à sa façon sur la crise où il s'affiche comme un
capitaine d'industrie visionnaire et maltraité, dont le seul vrai tort
aura été d'avoir raison avant l'heure. Tout le contraire de ces
financiers coupés de la réalité qu'il accuse de mettre à mal l'économie
mondiale.
Comment interpréter ce come back ? Comme un non-événement,
qu'on oubliera vite et dont le seul intérêt est de montrer l'efficacité
des attachées de presse du Seuil ? Comme le fait que la France évolue
et, tels les Etats-Unis, autorise, voire valorise, désormais les échecs
en affaires ? Comme le signe de l'aptitude des élites à se remettre en
cause ? Ou comme la preuve que les vieux démons sont toujours là ?
Jean-Jacques Salomon