Diagonales : Ajoutez "ette"
03-12-2008
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On nous annonce pour aujourd'hui la mise en place d'une prime à la casse destinée à soutenir le marché automobile. Après la balladurette et la juppette, viendrait la sarkozette. Au-delà de leur portée économique, cette succession de mesures en dit long sur le plan des institutions. Lorsqu'Edouard Balladur établit une première prime à la casse en 1994, la presse décide, par dérision, de lui donner de la "balladurette". Peut-être une allusion, en clair-obscur, à la vignette. Quoi qu'il en soit, la sémantique est lisible : prenez un premier ministre, ajoutez ette, vous obtenez le nom de la prime. C'est la règle que très naturellement on applique en 1996 quand Alain Juppé retient à son tour un dispositif voisin : ce sera la juppette. Mais déjà les choses se compliquent, car les juppettes, ce sont aussi alors ces jeunes femmes que le nouveau chef de gouvernement n'avait pas gardées six mois dans son cabinet. Prenez le nom d'un premier ministre, ajoutez ette, vous obtenez le nom d'un ministre du beau sexe.

Avec la sarkozette, on capitalise et l'on progresse à la fois. Consolidation sémantique d'abord : Juppé a laissé sa marque, désormais la sarkozette désigne autant une collaboratrice du gouvernement qu'une disposition fiscale. Mais progression institutionnelle aussi : il ne vient à l'esprit de personne de qualifier de fillonnettes la garde des sceaux ou la prime automobile à la casse de 2008. Prenez un président de la République, ajoutez ette, vous obtenez une ministre et une prime.

 

 

 

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Jean-Jacques Salomon

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