Passer sa commande au restaurant devient un véritable casse-tête. Il y a encore quelques années, une fois les plats et leurs accompagnements choisis, ne restaient en suspens que deux questions métaphysiques : la cuisson et le vin. Pour la cuisson, à l'exception de quelques circonstances exceptionnelles du côté du foie de veau ou du thon, la réponse était automatique. Seul le vin condamnait en vérité à prendre position.
Les temps ont bien changé. Désormais, on doit aussi se déterminer sur l'assaisonnement, les condiments, la température, voire l'origine des ingrédients. Et lorsqu'on croit en avoir fini, voilà qu'il faut déclarer ses préférences en matière de pain et même de beurre. Venue des Etats-Unis, cette personnalisation croissante du repas relève à sa façon d'un autre phénomène menaçant : l'inflation. Les experts se partagent sur ce qui nous attend : inflation, déflation, stagflation ? Sur le plan économique, aucune de ces perspectives ne réjouit. Mais pour ce qui est de la gastronomie, le doute n'est pas permis : un peu de déflation ne ferait pas de mal. Vive le plat du jour !
Jean-Jacques Salomon
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