Diagonales : L'Ecole Polytechnique a-t-elle ruiné la planète ?
10-10-2008
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A quelque chose malheur est bon : on reparle de l'Ecole Polytechnique. L'X, 253ème au classement mondial de Shanghaï des établissements d'enseignement supérieur et de recherche, était en passe de devenir moins visible que ses homonymes de Zurich, Lausanne ou Milan. Heureusement, les marchés financiers s'effondrent et la grande école de Palaiseau revient au premier plan. On avait eu un aperçu de son rôle dans les transactions bancaires lorsque, à l'occasion de l'affaire de la Société Générale, l'une des motivations de Jérôme Kerviel avait semblé être de rivaliser avec ces polytechniciens qui régnaient en maîtres sur les opérations d'arbitrage. Suivirent quelques interviews au printemps de Nicole El Karoui, le professeur à l'X qui a formé des générations de "quants", ces ingénieurs rompus aux mathématiques financières et que s'arrachaient à prix d'or les banques. Des témoignages aussi, ici et là, de traders. L'affaire n'alla pas plus loin et l'Ecole Polytechnique retomba dans l'indifférence.

Mais voilà qu'avec l'automne chacun mesure qu'on avait sous-estimé l'impact des produits dérivés. Les bouches s'ouvrent et même les patrons de banques reconnaissent qu'ils n'ont jamais rien compris aux inventions des jeunes caciques de leurs salles de marché. Quel risque portent leurs actifs : une fois, dix fois le PIB mondial, on l'ignore. Il faut des coupables, ils sont tout désignés : ce sont ces savants fous qui, avec leur mathématique, auraient perverti la finance de bon père de famille. Et où forme-t-on ces génies faustiens : à l'Ecole Polytechnique. De là à accuser l'X d'être responsable de la crise, il n'y a qu'un pas que d'aucuns ne manqueront pas de franchir. Alors, peut-être, le classement de Shanghaï, si sensible à la notoriété des établissements, fera-t-il remonter à la place qu'elle mérite l'école de Monge et d'Arago dans son inique palmarès  ?

 

 

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Jean-Jacques Salomon

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