Diagonales : Pragmatique
29-09-2008
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Amusez-vous à rechercher "pragmatique" dans Google Actualités. Vous vous rangerez à cette évidence : la seule idéologie qui résiste à la crise, c'est le pragmatisme ! Pragmatique : le secrétaire au Trésor américain lorsque, devant la nécessité, il enterre en une nuit la doctrine républicaine. Pragmatique aussi le parti conservateur britannique qui s'autoproclame désormais "centriste et pragmatique". Pragmatique encore, Gérard Larcher, le probable futur président du Sénat, lorsqu'on lui demande de se définir. Pragmatique toujours, chacune des quatre coalitions en lice au Parti Socialiste. Et pragmatique bien sûr le président de la République, selon lui-même et nombre de commentateurs.

Deuxième exercice : recherchez cette fois "libéral pragmatique". Vous voici projeté en arrière d'une bonne année. Début 2007, on se proclamait volontiers "libéral pragmatique" pour les plus simples, "libéral parce que pragmatique" pour les plus réfléchis, "libéral donc pragmatique" pour les plus activistes. Et lorsqu'on remonte encore le temps, le libéralisme s'affiche seul, encore célibataire et fier de l'être : il n'a nul besoin du pragmatisme pour se justifier.

Ainsi, en moins de deux ans, le pragmatisme a-t-il réussi à occuper le champ sémantique abandonné par le libéralisme. En ira-t-il de même sur le plan politique ? Si les mots, comme les cours de bourse, anticipent le futur, cela semble probable.

 

 

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Jean-Jacques Salomon

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