Le Monde du 14 janvier 1958 a relaté dans son éditorial que Staline aurait répondu à Roosevelt, qui lui parlait de l'action de Pie XII :" Combien a-t-il de divisions ? ". Je ne sais naturellement pas si ce propos a été tenu au président Roosevelt, mais une réplique de même teneur a été adressée à Pierre Laval. En 1936, â l'issue d'un dîner que M. Potemkine, alors ambassadeur de l'U.R.S.S. à Paris, offrait au président Léon Blum, l'ambassadeur, s'adressant à Léon Blum, devant moi, raconta qu'il avait servi parfois d'interprète entre Pierre Laval et Staline lors d'un voyage que celui-ci fit à Moscou, et qui se termina par le fameux communiqué du 15 mai 1935.
M. Potemkine expliqua qu'une grande préoccupation de Laval avait été de conclure entre le Saint-Siège et l'Union soviétique sinon-un concordat du moins un " modus Vivendi ". Staline écouta patiemment Laval exposer le préambule de son projet, puis il l'interrompit d'une phrase dont le sens était le suivant : " Le pape a-t-il une forte armée ? " L'entretien ne fut plus poursuivi sur ce sujet, dont Pierre Laval ne reparla jamais plus en Union soviétique.
Le fait que Staline aurait tenu un propos de même nature au président Roosevelt montre la constance, non dépourvue d'ironie, de Staline sur les relations entre le Vatican et l'U.R.S.S.
André Blumel, Les divisions du pape, Le Monde, 23 janvier 1958
Jean-Jacques Salomon
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