J’espérais voir une orgie |
09-05-2020 | ||
Autun, 2 septembre.
J’étais donc très peu effrayé d’un dîner de jeunes gens qui se consommait à l’autre bout du jardin de l’auberge. La maison était pleine, en raison de la foire. Point de chambre où l’on put manger, point de salle commune qui ne fût encombrée de commis-voyageur...
[...] Il y avait, à l’autre bout de ce jardin, une grande table, et des convives de bonne humeur. Ce sont des gens comme il faut, m’avait dit l’hôtesse, la fleur des gentilshommes du pays ; c’est monsieur le comte, c’est monsieur le marquis, et puis monsieur de... Grâce à Dieu, je n’ai pas la mémoire des noms, celle des prénoms encore moins ; mais ma señora Leonarde en avait plein la bouche, et j’espérais voir une orgie aussi méthodiste que celles de l’Odéon et de la Porte-Saint-Martin. N’en déplaise à la noblesse, je l’ai fort peu fréquentée dans ma vie. Je sais qu’elle porte des gants, qu’elle a toujours le menton bien rasé, ou la barbe bien parfumée ; je sais qu’elle est agréable à voir : je ne me serais jamais douté qu’elle put être aussi désagréable à entendre.
George Sand, Lettres d’un Voyageur. Revue des Deux Mondes, 1836
Jean-Jacques Salomon Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir |
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