De gros crapauds dans un baquet |
09-05-2020 | ||
26 juin. — Loëche n'est pas triste. Non. C'est sauvage, mais très beau. Cette muraille de roches hautes de deux mille mètres, d'où glissent cent torrents pareils à des filets d'argent ; ce bruit éternel de l'eau qui roule ; ce village enseveli dans les Alpes d'où l'on voit, comme du fond d'un puits, le soleil lointain traverser le ciel ; le glacier voisin, tout blanc dans l'échancrure de la montagne, et ce vallon plein de ruisseaux, plein d'arbres, plein de fraîcheur et de vie, qui descend vers le Rhône et laisse voir à l'horizon les cimes neigeuses du Piémont : tout cela me séduit et m'enchante. [...]
27 juin. — Premier bain. On descend directement de la chambre dans les piscines, où vingt baigneurs trempent, déjà vêtus de longues robes de laine, hommes et femmes ensemble. Les uns mangent, les autres lisent, les autres causent. On pousse devant soi de petites tables flottantes. Parfois on joue au furet, ce qui n'est pas toujours convenable. Vus des galeries qui entourent le bain, nous avons l'air de gros crapauds dans un baquet.
Maupassant, Aux eaux, 1883
Jean-Jacques Salomon Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir |
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