Pour tenir compagnie à la statue |
29-09-2021 | ||
Je pensais à Miss Stein et à Sherwood Anderson, et à l'égoïsme et à la paresse mentale, par opposition à la discipline, et je me demandai qui appelle qui une génération perdue? Puis comme j'arrivais à la hauteur de la Closerie des Lilas, la lumière se reflétait sur mon vieil ami, le maréchal Ney, statufié sabre au poing, et l'ombre des arbres jouait sur le bronze, et il était là, tout seul, sans personne derrière lui, avec le fiasco qu'il avait fait à Waterloo, et je pensai que toutes les générations sont perdues par quelque chose et l'ont toujours été et le seront toujours et je m'arrêtai à la Closerie pour tenir compagnie à la statue et pris une bière bien fraîche avant de rentrer à la maison, dans l'appartement au-dessus de la scierie.
Ernest Hemingway, Paris est une fête, Gallimard, 1964, posthume
Jean-Jacques Salomon Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir |
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