Servitude et grandeur militaires |
25-08-2017 | ||
A
la veille de la Première Guerre mondiale, la doctrine de l'état-major
français vient de faire peau neuve. Après des décennies de préférence
pour la manœuvre, l'heure est à l'offensive. En août 14, le général
Lanrezac (1852-1925) commande les quelque 300 000 hommes de la Ve armée.
Lors de la bataille de Charleroi, les ordres de Joffre sont –
conformément à la doctrine – d’attaquer à outrance. Impuissant à
convaincre son chef, Lanrezac prend sur lui de reculer. Sa désobéissance
permet de sauver la quasi-totalité de ses troupes, qui joueront par la
suite un rôle déterminant. Joffre lui reproche son indécision et sa
tendance à contester la hiérarchie. Il lui retire son commandement à la
veille de la bataille de la Marne. Lanrezac consacrera les dix dernières
années de sa vie à justifier sa décision. Au lendemain de sa mort, on
commence à admettre la pertinence de son choix. Une petite rue lui est
attribuée à Paris entre les prestigieuses avenues Mac-Mahon et Carnot,
ses cendres sont transférées aux Invalides en 1933, son nom tombe
cependant vite dans l’oubli. Il en va habituellement ainsi des généraux qui ouvrent leur gueule. Mais comme, une fois par siècle, cela donne un Murat ou un de Gaulle, certains continuent de tenter le coup.
Jean-Jacques Salomon
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