Diagonales : Kalokagathie
15-05-2015
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La pratique épistolaire est hantée par un spectre, le spectre de la belle journée. Alors que depuis des décennies, on terminait ses courriers – et aujourd’hui ses mails – par la formule rituelle « bonne journée », voilà qu’à la fin des messages émerge sa cousine jusque-là ignorée : « belle journée ». L’avantage de la belle journée, c’est qu’on la remarque plus que la bonne. Mais que nous dit-elle vraiment ?

Les Grecs distinguaient le kalos et l'agathos. Le kalos était le beau, vu comme un idéal immanent, réservé à quelques-uns par les dieux. L'agathos était le bon, au sens de l'excellence sociale  –  une vertu accessible à tous les hommes libres qui se donnent la peine de l'atteindre. Chez le kalos kagathos, les deux attributs se fondent dans le même personnage : Achille, Patrocle, Persée...

"Belle journée" relève du kalos ; on y entend, non sans fatalisme : "que les dieux soient avec toi ! ".   "Bonne journée" descend d'agathos ; on y perçoit un encouragement à bien faire. Pour souhaiter les meilleures choses, pourquoi ne pas mobiliser, à la façon du kalos kagathos, les deux formules concomitamment ?

Belle et bonne journée, 

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Jean-Jacques Salomon

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