Lu dans Le Figaro du 5 novembre 1901 : "Le Président de la République [a] déjeuné chez M. Chauchard, au château de Longchamp. M. Loubet était accompagné de Mme Loubet et de tous les membres de sa famille, M. et Mme de Saint-Prix, M. Paul Loubet, M. Emile Loubet fils, ainsi que de M. et Mme Abel Combarieu et du général Dubois. C'était le déjeuner des chrysanthèmes, un déjeuner somptueux autant qu'original. Le menu, la table, les salons, les jardins étaient décorés de plus de huit mille chrysanthèmes splendides que M. Chauchard avait fait transplanter le mois dernier à Longchamp et qu'il avait, à force de soins et de précautions, réussi à conserver dans tout leur éclat, grâce à des kilomètres de mousseline blanche qui recouvraient chaque soir ces ravissantes fleurs et les préservaient des gelées de la nuit. Ces soins peu communs et ces longues étendues de mousseline dans le parc intriguaient même tous les habitués du Bois ou du champ de courses." Plus loin, on apprend que le président Loubet doit inaugurer dans l'après-midi l'exposition annuelle des fruits et des chrysanthèmes au Grand Palais, une exposition qui "dépassera en splendeur toutes ses devancières".
Le 5 novembre 1901, le jeune Charles de Gaulle va sur ses onze ans. L'épisode semble l'avoir marqué. Quelque soixante années plus tard, dans sa conférence de presse du 9 septembre 1965, il explique ne pas être de ces présidents qui se satisfont d'inaugurer les chrysanthèmes. Il a inventé, dit-on, la formule tout seul, sans communicants ni spin doctors. Aliam vitam, alio mores.
Extrait de la conférence de presse
Jean-Jacques Salomon