A Tokyo, les distributeurs automatiques de billets,
gratuits pendant les heures de bureau, font payer une commission en
soirée et durant le week-end. Les hypothèses d'explication abondent. Financières :
recharger les appareils la nuit et les jours de congés coûterait plus
cher qu'en semaine. Morales : l'argent que l'on retire le soir serait
souvent mal dépensé. Logistiques : on chercherait à éviter les files
d'attente devant les distributeurs après 18 heures.
La philosophe Hannah Arendt dit que la différence entre un outil et une
machine est que "l'outil prolonge la main qui le guide, alors que la
machine utilise la main comme un moyen." Peut-être les banques
japonaises tiennent-elles les distributeurs de billets pour des outils
plutôt que pour des machines : elles surpayent leurs heures
supplémentaires, comme s'ils étaient humains.
Jean-Jacques Salomon