Episode (VIII)

Kate

Lorsque les deux ennemis se retrouvèrent au siège après le déjeuner, l’atmosphère était exubérante. C’était à celui qui se montrerait le plus chaleureux avec Duclos. Quant au Président France, personne ne l’abordait, on le regardait de travers. Il eut beau expliquer tous azimuts qu’il n’était pour rien dans le mail signé de son nom, rien n’y fit : le coup était parti.

A Chicago où l’on avait l’habitude de dire que le groupe n’avait que deux problèmes dans le monde, la Chine et la France, on ne s’encombra pas de subtilités et l’on considéra qu’il y avait eu à Paris des usurps, dont le Président France était l’auteur et Duclos le découvreur.

Comme les actions d’éclats comptaient triple, le scoring de Duclos dans le programme d’évaluation des potentiels humains fit un jump. Lorsqu’on licencia le Président France, le logiciel expert de ressources humaines proposa de le remplacer par Duclos qui accéda à son tour au titre de Senior VP. Le soir de sa nomination, il retrouva son camarade du service informatique au dîner annuel des anciens de sa promo.

- Je sais ce que je te dois, lui dit Duclos.
- Cave ne cadas, répondit Fétord, qui avait des lettres.

Plusieurs années après, alors que, passé à son tour worldwide, il s’était remis avec elle, Duclos devina que l’usurp était Kate. Mais, prudente, jamais toutefois elle ne l’avoua formellement. Never complain, never explain, telle était la devise au worldwide.