Skip to content
La ruine d’un palais magique
20-05-2021
Facebook!  Partager sur Twitter



Mercredi 24 mai. —  Par de petits sentiers, ouverts au milieu des barricades qui ne sont pas encore démolies, j’arrive à l’Hôtel de Ville. La ruine est magnifique, splendide, inimaginable : c’est une ruine, une ruine couleur de saphir, de rubis, d’émeraude, une ruine aveuglante par l’agatisation qu’a prise la pierre cuite par le pétrole. Elle ressemble, cette ruine, à la ruine d’un palais magique, illuminé, dans un opéra, de lueurs de feux de Bengale. Avec ses niches vides, ses statuettes fracassées ou tronçonnées, son restant d’horloge, ses découpures de hautes fenêtres et de cheminées restées, je ne sais par quelle puissance d’équilibre, debout dans le vide, avec sa déchiqueture effritée sur le ciel bleu, cette ruine est une merveille de pittoresque à garder, si le pays n’était pas condamné sans appel aux restaurations de M. Viollet-le-Duc. Ironie du hasard ! Dans la dégradation du monument, brille sur une plaque de marbre intacte, dans la nouveauté de sa dorure, la légende menteuse : Liberté, Égalité, Fraternité. 
 
Edmond de Goncourt, Journal, 24 mai 1871







jjsjpeg

 

 

 

 

 

 

   

Jean-Jacques Salomon

Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir  

                                                              
Convertir en PDF Version imprimable Suggérer par mail
 

Newsletter quotidienne gratuite

 Inscription à EN MÊME TEMPS (par oomark)

Le point de détail

Vers la statue de Vulpian

Le goût de la recherche est amplifié par la lecture des articles scientifiques. Le goût de la lecture naît au hasard des livres étalés dans une librairie. Pour moi, les visites à la Librairie de l'Escalier, qui ouvre vers la statue de Vulpian, près de la faculté de médecine Paris-Descartes, sont dans c [ ... ]
Sans l'avoir jamais entendu

87 - Je me souviens que Caravan, de Duke Ellington, était une rareté discographique et que, pendant des années, j'en connus l'existence sans l'avoir jamais entendu. Georges Perec, Je me souviens, Hachette, 1978 [ ... ]
On a cherché qui avait eu les torts

En 1859, deux ans après la mort d’Alfred de Musset, George Sand fait paraître Elle et lui, qui raconte leur histoire. Choqué par le rôle que Sand faisait jouer à son frère, Paul de Musset répond par Lui et elle – et Louise Colet, qui avait eu une liaison avec Musset, renchérit par un Lui. [...] [ ... ]