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Culture COM : En 1952, la censure tchécoslovaque a gommé sur la photo de gauche la silhouette de Vladimir Clementis, condamné à mort pour déviationnisme. Sa trace demeure cependant. Comment ?
26-11-2016
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  • Dans les premières lignes du Livre du rire et de l'oubli, Milan Kundera apporte l'explication :
  • "En février 1948, le dirigeant communiste Klement Gottwald se mit au balcon d'un palais baroque de Prague pour haranguer les centaines de milliers de citoyens massés sur la place de la Vieille Ville. Ce fut un grand tournant dans l'histoire de la Bohême. Un moment fatidique comme il y en a un ou deux par millénaire.

  • Gottwald était flanqué de ses camarades, et à  côté de lui, tout près, se tenait Clementis [futur ministre des Affaires étrangères, ndlr]. Il neigeait, il faisait froid et Gottwald était nu-tête. Clementis, plein de sollicitude, a enlevé sa toque de fourrure et l'a posée sur la tête de Gottwald.

  • La section de propagande a reproduit à  des centaines de milliers d'exemplaires la photographie du balcon d'où Gottwald, coiffé d'une toque de fourrure et entouré de ses camarades, parle au peuple. C'est sur ce balcon qu'a commencé l'histoire de la Bohême communiste. Tous les enfants connaissaient cette photographie pour l'avoir vue sur les affiches, dans les manuels ou dans les musées.

  • Quatre ans plus tard, Clementis fut accusé de trahison et pendu. La section de propagande le fit immédiatement disparaître de l'Histoire et, bien entendu, de toutes les photographies. Depuis, Gottwald est seul sur le balcon. Là  où il y avait Clementis, il n'y a plus que le mur vide du palais. De Clementis, il n'est resté que la toque de fourrure sur la tête de Gottwald."


Milan Kundera, Le livre du rire et de l'oubli, Traduit du tchèque par François Kerel, Gallimard, 1979.

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